PRÉPARER LE CANADA POUR LE TROISIÈME
MILLÉNAIRE
Mémoire présenté au
Comité permanent des Finances, de la chambre des Communes
par
le Consortium canadien pour la recherche
Septembre 1999
LE CONSORTIUM CANADIEN POUR LA RECHERCHE
2675 Promenade Queensview, Ottawa, ON K2B 8K2
Tél. : (613) 820-2270 Téléc. : (613) 822-7740
Table des matières
1.0 Section I:1.1 Introduction au Consortium canadien pour la recherche (CCR)
1.2 Résumé
1.3 Introduction
2.0 Section II: Les enjeux
2.1 Financement global de l'enseignement post-secondaire
2.2 Conseils subventionnaires
2.3 Science et technologie au sein du gouvernement
3.0 Section III: Thèmes
3.1 Infrastructure sociale
3.2 Nouvelle économie
3.3 Productivité
3.4 Taxes
4.0 Section IV: Sommaire des recommandations
1.0 Section I:
1.1 Le Consortium canadien pour la recherche (CCR)
Le Consortium canadien pour la recherche (CCR) a été créé en 1976. Il se compose des 22 organismes dont la liste figure ci-dessous et qui représentent des chercheurs oeuvrant dans toutes les disciplines d'un bout à l'autre du Canada. Même si la majorité de ces chercheurs travaillent dans des universités, de nombreux adhérents des organisations membres du CCR travaillent dans des laboratoires du gouvernement et dans des centres de recherche du secteur privé. Comte tenu que ses organismes membres représentent environ 50 000 chercheurs et 400 000 étudiants, le CCR est la plus importante organisation canadienne dont les principales préoccupations sont le financement de la recherche dans tous les secteurs, de même que le soutien de l'enseignement post-secondaire.
Toutes les activités du Consortium sont menées par des bénévoles provenant des sociétés et organismes membres. Un comité directeur de six personnes assure la planification et la direction pour le CCR et rend compte au Consortium lors des réunions mensuelles régulières des représentants de ses membres.
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Organismes membres
Association canadienne-française pour l'avancement des sciences
Association canadienne des administrateurs de recherche universitaire
Association canadienne des écoles universitaires de nursing
Association canadienne des études supérieures
Association canadienne des neurosciences
Association canadienne des professeurs d'université
Association canadienne des physiciens
Bureau canadien de l'éducation internationale
Conseil canadien des départements de psychologie
Conseil canadien des directeurs de départements universitaires de biologie
Conseil canadien des directeurs de départements universitaires de chimie
Conseil géoscientifique canadien
Fédération canadienne des étudiantes et étudiants
Fédération canadienne des sociétés de biologie
Fédération des sciences humaines et sociales du Canada
Institut de chimie du Canada
Organisation canadienne des physiciens médicaux
Société canadienne d'astronomie
Société canadienne de psychologie
Société canadienne pour l'étude de l'enseignement supérieur
Société mathématique du Canada
Société statistique du Canada
1.2 RÉSUMÉ
L'objectif fondamental du présent mémoire est de présenter les arguments qui militent en faveur de l'accroissement du financement global du système canadien d'enseignement post-secondaire et de l'amélioration du financement de la recherche, par le biais des conseils subventionnaires et, s'il y a lieu, du secteur scientifique et technologique au sein du gouvernement. Des recommandations précises sont présentées dans le corps de ce mémoire et dans sa conclusion.
1.3 INTRODUCTION
Le Canada est l'un des partenaires d'une économie mondiale qui évolue rapidement. L'innovation, à laquelle le Canada a considérablement contribué, s'est avéré un élément clé qui a favorisé un tel changement. Toutefois, ce changement exerce lui-même des pressions de plus en plus fortes sur le Canada pour qu'il maintienne et améliore ses connaissances et ses compétences technologiques dans tous les domaines. Nous avons participé à créer les conditions actuelles et, pour maintenir ou améliorer notre position dans le monde, nous devons continuellement accroître les connaissances et les compétences requises pour rester créatifs et concurrentiels.
Plus précisément, nous devons produire un nombre suffisant de personnes hautement scolarisées et formées. Nous devons en outre veiller à ce qu'une bonne partie d'entre elles soient en mesure de contribuer à l'innovation canadienne par le biais des activités de recherche, de développement et de commercialisation. Des mesures positives visant à relever un tel défi assureront une économie saine, la cohésion sociale et un niveau de vie rehaussé. L'absence de mesures énergiques aboutirait, par ailleurs, à une érosion progressive par rapport aux autres pays qui jouent un rôle actif dans l'économie mondiale. Bien qu'il en ait toujours été ainsi, cette réalité revêt maintenant de plus en plus d'importance. L'avenir fructueux du Canada dépend sans cesse davantage de sa capacité de produire des personnes créatives, d'assurer une société qui prend soin de ses membres et de créer des industries à haute valeur ajoutée, objectifs pour lesquels les activités indiquées ci-dessus sont essentielles.
Dans ses récents budgets, le gouvernement a adopté des mesures positives visant à relever ce défi en se servant des ressources financières dont il disposait à l'époque. Le budget de 1997 annonçait diverses initiatives, notamment la création de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI), de même que l'instauration permanente du programme des réseaux de centres d'excellence (RCE) et du Programme d'aide à la recherche industrielle, mis en oeuvre par le Conseil national de recherches du Canada (CNR). Le budget de 1998 a restauré le financement des conseils subventionnaires à leurs niveaux de 1994-1995. De nouveaux investissements dans la Fondation canadienne pour l'innovation et l'accroissement du financement accordé au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), au Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), au Conseil national de recherches et au programme des réseaux de centres d'excellence ont été annoncés dans le budget de 1999. Ce dernier budget a aussi donné une impulsion au développement permanent des instituts canadiens de recherche sur la santé (ICRS).
Il faut toutefois se souvenir que ces investissements ont été faits à la suite d'importantes compressions dans les transferts aux provinces pour l'éducation post-secondaire, ainsi que dans le financement des conseils subventionnaires et du CNR, effectuées dans le cadre des mesures visant à équilibrer le budget national. Ces compressions ont été imposées à une collectivité de chercheurs pour laquelle le niveau de financement global n'a jamais été très élevé lorsqu'on le compare aux normes internationales. En ce qui concerne le pourcentage du PIB consacré à la recherche et au développement, par exemple, le Canada occupe l'un des derniers rangs par rapport aux autres pays industrialisés. Mentionnons également que le Canada n'a pas été le seul pays à augmenter, au cours des trois dernières années, le soutien accordé à la recherche. Les besoins de la collectivité des chercheurs canadiens doivent être considérés dans une telle perspective internationale. Si nous investissons moins que les autres pays, on peut s'attendre à ce que notre économie s'en ressente un jour ou l'autre.
Voici le contexte dans lequel le Comité des finances a demandé que l'on entreprenne des discussions portant sur plusieurs thèmes, tels que l'infrastructure sociale, la nouvelle économie et la productivité. Ces questions thèmes sont primordiales pour la vigueur de l'économie canadienne et pour l'amélioration de notre cohésion sociale. Ces questions sont aussi soulevées à un moment où le gouvernement, qui a résolu le problème du déficit budgétaire, dispose de ressources supplémentaires pour faire les investissements nécessaires et souhaitables dans les habitants du Canada et dans leur économie. Le Consortium canadien pour la recherche (CCR) est heureux de pouvoir présenter ses recommandations relativement à chacun de ces thèmes.
Le présent mémoire est organisé de la façon suivante : premièrement, les enjeux qui doivent être abordés, selon le CCR, sont présentés et discutés à tour de rôle; des recommandations précises sont formulées à leur égard. On établit ensuite le rapport qui existe entre ces questions et les thèmes du Comité des finances. On indique aussi de quelle façon les recommandations sont liées aux thèmes. Et on présente finalement un résumé des recommandations.
2.0 Section II: LES ENJEUX
2.1 Financement global de l'enseignement post-secondaire
Ces dernières années, le financement global des établissements canadiens d'enseignement post-secondaire a considérablement diminué. Les universités, par exemple, ont subi une perte réelle de 23 p. 100 de leurs fonds d'exploitation au cours des cinq dernières années. À l'inverse, le financement gouvernemental de l'enseignement supérieur a augmenté aux États-Unis. Ailleurs, les systèmes d'enseignement post-secondaire ont aussi profité d'une augmentation des investissements.
En conséquence de la diminution du financement global au Canada, on a enregistré une forte augmentation des frais d'inscription dans les universités. La dette étudiante a aussi augmenté et l'accessibilité à l'enseignement supérieur a reculé.
De plus en plus, les éléments d'actif de notre économie nous quittent pour rentrer chez eux à la fin de la journée. Par conséquent, nous devons davantage nous assurer que nous disposons d'un actif suffisant : les diplômés hautement formés et scolarisés de nos établissements post-secondaires. Il se produit donc un recul de l'accessibilité à l'enseignement supérieur au moment même où l'enseignement post-secondaire n'a jamais été aussi essentiel à notre avenir.
Les étudiants diplômés constituent une composante primordiale de la contribution des universités à notre système d'innovation. Dans bon nombre de cas, la dette accumulée pendant les études des premier et deuxième cycles incite fortement les étudiants à ne pas entreprendre d'études supérieures. L'effort de recherche du Canada sera donc amoindrie en l'absence d'étudiants aux programmes d'études supérieures.
L'affaiblissement de l'infrastructure des universités est une autre conséquence du manque de financement global. Le personnel enseignant a été réduit, les ressources consacrées aux bibliothèques ont diminué, les travaux d'entretien ont été reportés et le soutien technique de la recherche a chuté. Cette infrastructure comprend tout ce qui est crucial à la recherche universitaire. La capacité de nos universités à produire des idées, à innover et à produire des personnes hautement formées, qui sont essentielles pour diriger la « nouvelle économie » s'en trouve diminuée. Le résultat net, à plus long terme, sera d'affaiblir l'apport de l'enseignement post-secondaire dans le système canadien d'innovation.
Le CCR recommande donc fortement la création d'investissements stratégiques dans le secteur de l'enseignement post-secondaire par le biais de transferts fédéraux aux provinces, afin de renforcer le système d'éducation post-secondaire et de promouvoir ainsi l'innovation et l'égalité des chances.
Le rapport intitulé Investissements publics dans la recherche universitaire : récolter les bénéfices (Public Investments in University Research: Reaping the Benefits) a été récemment présenté au gouvernement par le Comité consultatif sur la science et la technologie (CCST) du Premier ministre. On devrait accorder une attention toute particulière à la recommandation de ce rapport selon laquelle les gouvernements fédéral et provinciaux devraient trouver, de toute urgence, une solution aux situations où les universités ont des difficultés à effectuer de la recherche parce que même si le financement fédéral est assuré, le soutien provincial disponible pour les coûts indirects connexes est limité. Donner suite à cette recommandation permettra d'alléger, dans une certaine mesure, le problème pressant que pose le financement global en matière la recherche.
2.2 Les conseils subventionnaires
Les conseils subventionnaires sont le moteur de la recherche universitaire et de l'innovation. Les augmentations récentes du budget des conseils subventionnaires ont constitué des premiers pas positifs et importants en vue de redonner des forces à la collectivité des chercheurs. Toutefois, c'est l'aptitude des Canadiens à découvrir et à innover, par rapport à celle des habitants d'autres pays, qui est une des mesures importantes du potentiel éventuel du Canada pour coopérer et être compétitif à l'avenir. D'autres pays ont accru leur soutien à la recherche, parfois considérablement, ou encore se sont engagés à le faire ou envisagent sérieusement de le faire. Nous devons, comme Alice au pays des merveilles, courir si nous ne voulons pas être dépassés.
Quelle place occupons-nous dans ce domaine par rapport aux autres? Comme nous l'avions indiqué dans le mémoire que nous vous avons soumis l'an dernier, les montants moyens des subventions aux États-Unis ont été environ trois fois plus importants que ceux de nos conseils subventionnaires. La nécessité d'accroître les budgets de nos conseils a été mentionnée dans le rapport susmentionnée du CCST concernant la commercialisation de la recherche universitaire. Il recommandait fortement de « poursuivre les mesures prises par le gouvernement du Canada au cours des trois derniers budgets fédéraux pour accroître le financement de la recherche. »
Le sous-financement est plus important dans les sciences sociales. Alors qu'elles regroupent 54 pour cent des étudiants et des professeurs dans les universités canadiennes, ces disciplines ne reçoivent que 15 pour cent des fonds gouvernementaux consacrés à la recherche. Il en résulte qu'une plus grande proportion de leurs chercheurs et étudiants du second cycle n'ont aucun espoir d'obtenir du financement des conseils subventionnaires. Cela limite grandement la capacité qu'ont ces chercheurs de contribuer à l'avancement de notre société.
Ainsi, même si Statistique Canada a gagné la réputation d'être « le meilleur bureau de statistique au monde » selon la revue The Economist, la majeure partie des données qu'il recueille ne sont pas utilisées parce qu'un nombre infime de chercheurs canadiens y ont accès et ont les connaissances requises pour les analyser. En même temps, il existe un besoin pressant de statistiques sociales pour répondre à la demande croissante en matière de prise de décisions fondée sur des faits.
Le CRSH et Statistique Canada ont par conséquent proposé de lancer l'« Initiative canadienne sur les statistiques sociales » « afin de fournir du soutien à la recherche et de la formation à des jeunes chercheurs; de faciliter l'accès aux micro-données détaillées de Statistique Canada et d'accroître les possibilités de liens efficaces entre les chercheurs et les responsables de l'élaboration des politiques publiques ». On estime que sa mise en oeuvre coûterait 20 millions de dollars par an.
La nouvelle économie exige de vastes connaissances culturelles et des compétences avancées en pensée critique, à tout le moins autant qu'elle ne demande de formation technique et un accès à l'information. Les entreprises et leurs employés doivent opérer dans un marché international et multiculturel dans lequel les compétences linguistiques et la compréhension culturelle revêtent une grande valeur. Les investisseurs, les cadres et les travailleurs doivent tous analyser et interpréter rapidement de grandes quantités d'information. Toutes les recherches dans les sciences humaines et sociales permettent de développer ces compétences.
Le docteur Robert Allen, un économiste de l'UBC, a clairement démontré que les diplômés en sciences humaines et sociales trouvent de bons emplois dans la nouvelle économie. En fait, ils sont les plus susceptibles de trouver des emplois dans les professions libérales ou des emplois de cadres. Ils ont en outre plus de chances d'obtenir des promotions que les personnes qui n'ont reçu qu'une formation technique.
La recherche dans les sciences humaines et sociales contribue aussi directement à l'infrastructure sociale du Canada. Le CRSH a récemment lancé le programme Alliances de recherche universités-communautés (ARUC) qui réunit des petites entreprises, des organismes communautaires et des établissements universitaires en vue d'aborder des questions d'intérêt commun. À l'origine, le CRSH avait prévu financer jusqu'à 16 ARUC, mais il a été submergé par 176 demandes de fonds représentant 109 millions de dollars de financement. Malgré l'attribution de ressources supplémentaires, il n'a été en mesure de financer que 24 projets. Un financement suffisant de ce programme permettrait de répondre à un besoin clairement défini et d'accroître notre infrastructure sociale d'une façon inestimable.
Le CCR recommande que le sous-financement chronique de la recherche dans le domaine des sciences sociales et humaines soit corrigé en doublant le budget du CRSH qui passerait à 240 millions de dollars sur une période de 3 ans.
La recherche canadienne a grandement profité de la création de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) et la collectivité des chercheurs a répondu en se livrant une forte concurrence pour l'obtention de ses fonds. La demande a largement dépassé les niveaux prévus, ce qui confirme la perspicacité de ceux qui ont créée la Fondation. L'infrastructure que la FCI permettra d'établir améliorera grandement la capacité du Canada en matière de recherche et d'innovation. En même temps, elle a exercé, comme on l'avait prévu, une pression croissante sur les ressources des conseils subventionnaires. La FCI est en train de procéder à la relance prévue de l'activité de recherche, mais est-ce que les conseils subventionnaires pourront fournir le soutien permanent qui est nécessaire pour maintenir cette relance? Nous observons également en ce moment que des pressions sont exercées sur les universités pour qu'elles accroissent leur effectifs d'étudiants dans les secteurs où le marché perçoit une pénurie de main-d'oeuvre, comme les communications et les technologies liées aux logiciels. Pour répondre à ces pressions, il faudra faire appel à de nouveaux enseignants, ce qui se soldera par des demandes accrues sur le budget du CRSNG. Les conseils subventionnaires sont déjà obligés de refuser de bons projets. Cette accroissement de la demande touchera surtout le CRSNG. Comment pourra-t-il être en mesure d'y répondre?
Le CCR recommande une augmentation de 80 millions de dollars du budget du CRSNG, afin de répondre à ces nouveaux besoins. Le budget de base du CRSNG devrait être augmenté davantage au cours des quelques prochaines années pour que le financement au Canada soit comparable à celui des autres pays.
L'importante restructuration de la recherche liée à la santé se poursuit au Canada. Une remarquable synergie d'intérêts s'est produite à l'égard du projet de création des ICRS. Il est impératif que le gouvernement maintienne l'engagement ferme qu'il a pris à propos de cet important projet.
Le CCR recommande que le gouvernement assure un financement stable et suffisant aux ICRS au cours des quelques prochaines années, en se fixant comme objectif que ce financement représente 1 p. 100 des dépenses en santé, comme l'a recommandé le Forum national sur la santé.
2.3 Science et technologie au gouvernement fédéral
Les contributions au système canadien d'innovation qu'apporte la recherche en science et en technologie effectuée au sein des ministères et organismes du gouvernement fédéral a aussi été réduite dans le cadre de la campagne visant à éliminer le déficit. Ces contributions comprennent, par exemple, la recherche visant à étayer l'élaboration des politiques qui, si elle est bien faite, peut améliorer l'efficacité des politiques, les travaux canadiens d'exploration géologique, dont les résultats sont utilisés par le secteur privé, et la création de technologie destinée à être transférée au secteur privé. Toutes ces activités renforcent le système canadien d'innovation. La révision des programmes et d'autres compressions ont par conséquent diminué notre capacité d'innovation.
Le Comité consultatif sur la science et la technologie (CCST) qui rend compte au Comité du Cabinet sur l'union économique est en train d'« étudier les rôles du gouvernement fédéral dans les activités scientifiques et technologiques, ainsi que sa capacité à remplir ces rôles ». Le CCST espère que cette étude permettra d'évaluer, et de classer selon leur ordre de priorité, les rôles que les ministères et organismes fédéraux peuvent réellement entreprendre d'assumer, la capacité du personnel spécialisé disponible de répondre aux défis prioritaires, de même que l'efficacité de la structure organisationnelle actuellement en place pour remplir ces rôles. Le CCR espère aussi que l'étude recommandera une série d'objectifs pour les activités du gouvernement en matière de science et de technologie, ainsi qu'un plan d'action pour leur mise en oeuvre. Si le CCST ne peut pas s'occuper de ces tâches, on devrait créer un autre organisme pour le faire. Le gouvernement devrait déterminer quel sera son rôle au sein du système d'innovation et s'engager à fournir des ressources suffisantes pour assumer ce rôle adéquatement. Il devrait aussi veiller à ce que le programme qui en résultera reçoive en général l'approbation de la collectivité de la science et de l'innovation.
La mise en oeuvre de ce qui précède demandera quelque temps. Dans l'intervalle, les pressions produites par les compressions précédentes continueront à être ressenties. Il est connu, par exemple, que le CNR a fait savoir qu'il aurait besoin d'un budget plus important pour pouvoir, conformément à son mandat, contribuer efficacement au système d'innovation. Sans aucun doute, d'autres besoins ont été aussi été présentés. Ces besoins ne devraient pas être mis de côté en attendant que le plan décrit ci-dessus soit en place. On doit répondre aux besoins primordiaux actuels.
En outre, il arrive de temps en temps que des installations nationales soient financées par l'intermédiaire de ministères ou d'organismes fédéraux. Ces installations sont d'une importance primordiale pour les collectivités canadiennes de la science et de la technologie dans de nombreuses disciplines et dans de nombreux secteurs. En offrant à des scientifiques étrangers de les utiliser selon le principe du mérite, les Canadiens obtiennent le droit d'utiliser ailleurs des installations semblables selon le même principe. Cet arrangement est très avantageux pour le Canada et contribue grandement à la place qu'occupe notre pays sur la scène internationale de la science et de la technologie. En outre, les projets de ce genre, lorsqu'ils sont urgents, ne devraient pas être mis de côté en attendant que le plan décrit ci-dessus soit en place.
3.0 Section III: THÈMES
3.1 Infrastructure sociale
Un pays ne saurait être vigoureux en l'absence d'une solide infrastructure sociale. Pour reprendre un vieux slogan publicitaire de la télévision : « Notre principal produit : les gens ». Renforcer la capacité de recherche du pays assure notre compétitivité, notre productivité et l'accroissement de notre richesse. Cela a des répercussions directes sur l'emploi actuel et futur. Les compétences en matière de réflexion, de communication et de créativité acquises au cours des années d'études dans les établissement d'enseignement post-secondaire sont essentielles au renforcement de la cohésion sociale et à la croissance de l'activité économique. Une démocratie libérale s'appuie sur ces facteurs pour survivre et pour prospérer.
En ce qui concerne nos recommandations, soit améliorer le financement global de nos établissements d'enseignement post-secondaire, trouver un moyen de résoudre le problème des coûts indirects de la recherche et améliorer la capacité des chercheurs à aider financièrement les étudiants diplômés par le biais d'un accroissement du soutien accordé par les conseils subventionnaires, elles devraient contribuer de façon fondamentale et positive à l'infrastructure sociale du Canada.
3.2 La nouvelle économie
La nouvelle économie repose sur la créativité, la recherche et l'innovation. Pour que le Canada continue à jouer un rôle de chef de file dans la nouvelle économie fondée sur le savoir, nous devons continuellement renforcer nos systèmes d'enseignement et de recherche. Ce sont des piliers essentiels de la nouvelle économie.
Il est clair que toutes les recommandations susmentionnées sont pertinentes dans cette perspective. Nos systèmes d'enseignement et de recherche sont inextricablement liés à la viabilité et à la vigueur de notre société et de notre économie. Les récents investissements du gouvernement revêtent une grande importance. Néanmoins, le niveau actuel du soutien accordé par le gouvernement à l'enseignement post-secondaire, aux conseils subventionnaires et à la recherche au sein du gouvernement nécessitera d'autres investissements pour assurer le maximum de prospérité à l'économie et à la société canadiennes.
3.3 Productivité
La productivité s'accroît à l'aide de nouvelles méthodes de production, de nouveaux moyens (ou produits) plus économiques en vue de satisfaire des besoins, ainsi que d'une meilleure compréhension des facteurs humains essentiels qui entrent en jeu dans tous les aspects du cycle de l'innovation. Tout cela dépend de la création continuelle de nouvelles connaissances; cela dépend aussi du monde matériel, du monde biologique, de la façon dont les gens pensent, de ce qu'ils ressentent et de leur manière de se comporter. Cela dépend aussi de la diffusion efficace de ces nouvelles connaissances, ce qui relève de l'enseignement post-secondaire et de la recherche.
Les recommandations présentées dans le présent document, telles l'accroissement du financement global de l'enseignement post-secondaire et des conseils subventionnaires, de même que le réexamen du rôle de la science et de la technologie au sein du gouvernement, assorti d'une augmentation du financement lorsque cela est nécessaire, sont essentielles à la santé et à la vigueur de notre société et de son système d'innovation.
3.4 Taxes
Les organismes membres du CCR ne sont pas composés d'experts en matière de fiscalité. Il nous est donc difficile d'offrir des commentaires spécialisés à cet égard. Toutefois, le CCR sait que des sondages récents montrent que les Canadiens sont intéressés par des réductions d'impôts, mais pas au détriment des systèmes de santé et d'enseignement. Dans l'esprit des Canadiens, ces systèmes sont plus importants que les baisses d'impôts.
4.0 SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
Au fur et à mesure que la mondialisation prend de l'ampleur, les sociétés ont davantage besoin de s'assurer que leurs membres disposent des connaissances et des ressources requises pour maintenir et améliorer la cohésion sociale, le bien-être général et la compétitivité internationale de leurs économies. En l'absence ces facteurs, les économies ne seront pas assez novatrices et les sociétés ne réussiront pas à survivre.
D'autres pays ont compris cette nécessité et ont adopté des mesures visant à renforcer leur soutien à l'enseignement post-secondaire, à la recherche et à la technologie. Les récents investissements du gouvernement dans ce domaine, qui ont été effectués après une période de compression des investissements, doivent être comparés à ce que d'autres pays sont en train de faire. Ces pays vont de l'avant et c'est ce que nous devons faire également. Nous demandons donc instamment au gouvernement de donner suite aux recommandations suivantes :
Le CCR recommande donc fortement la création d'investissements stratégiques dans le secteur de l'enseignement post-secondaire par le biais de transferts fédéraux aux provinces, afin de renforcer le système d'éducation post-secondaire et de promouvoir ainsi l'innovation et l'égalité des chances.
On devrait accorder une attention toute particulière à la recommandation de ce rapport selon laquelle les gouvernements fédéral et provinciaux devraient trouver, de toute urgence, une solution aux situations où les universités ont des difficultés à effectuer de la recherche parce que même si le financement fédéral est assuré, le soutien provincial disponible pour les coûts indirects connexes est limité.
Le CCR recommande que le sous-financement chronique de la recherche dans le domaine des sciences sociales et humaines soit corrigé en doublant le budget du CRSH qui passerait à 240 millions de dollars sur une période de 3 ans.
Le CCR recommande une augmentation de 80 millions de dollars du budget du CRSNG, afin de répondre à ces nouveaux besoins. Le budget de base du CRSNG devrait être augmenté davantage au cours des quelques prochaines années pour que le financement au Canada soit comparable à celui des autres pays.
Le CCR recommande que le gouvernement assure un financement stable et suffisant aux ICRS au cours des quelques prochaines années, en se fixant comme objectif que ce financement représente 1 p. 100 des dépenses de santé, comme l'a recommandé le Forum national sur la santé.
Le gouvernement devrait déterminer quel sera son rôle au sein du système d'innovation et s'engager à fournir des ressources suffisantes pour assumer ce rôle de façon adéquate. Il devrait aussi veiller à ce que le programme qui en résultera reçoive en général l'approbation de la collectivité de la science et de l'innovation. Indépendamment de cette recommandation, le gouvernement devrait aller de l'avant en vue de combler d'importants besoins internes en matière de financement.